Carreau de reve?tement en bleu et blanc

Lot 29
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Estimation :
4000 - 6000 EUR
Carreau de reve?tement en bleu et blanc
Iran, Kirman ou Mashhad, art safavide, XVIIe siècle En pâte siliceuse, le décor peint à ligne noire et bleu cobalt sous glaçure transparente. 18.5 x 18.3 cm Sotheby’s, Islamic Art, octobre 1992 Ancienne Collection Franco et Franca Bernasconi, Lugano, n° inv. B9257 Le décor de ce carreau, peint à la ligne noire et au lavis de cobalt sous glaçure, se détache sur une couverte d’un blanc éclatant ; en cela, il s’inscrit pleinement dans les recherches que menèrent, depuis le XIVe siècle, les potiers du monde islamique afin d’imiter les porcelaines chinoises à décor bleu et blanc. Ces recherches trouvèrent un accomplissement certain au cours des XVIe et XVIIe siècles, notamment en Iran safavide, où formes et motifs furent abondamment copiés et adaptés aux goûts et usages iraniens (sur ce sujet, voir par exemple Makariou, S., Le Dragon et le Phénix : des siècles d’échanges entre la Chine et le monde islamique, 2022). Même si nous n’en avons qu’une vue partielle, la composition participe, en effet, de l’esthétique dite hatayi. Dérivé du mot persan khatay (Chine), hatayi désigne les motifs végétaux d’inspiration chinoise, abondamment déclinés depuis le règne des Timourides (1370- 1506). Nous en retrouvons ici toutes les composantes : fleur de pivoine, feuilles traitées en flammèches, corolle de lotus et fleurettes ponctuant des tiges dont les courbes laissent deviner une composition tout en enroulements. Le traitement de ces motifs, très libre et animé, trahit peut-être l’influence du peintre et poète iranien Shah Quli (m. 1556), grand maître précurseur du style saz, développé en Turquie ottomane au milieu du XVIe siècle. Cette influence s’observe notamment dans le tracé des fleurs ou dans l’usage du lavis – bleu de cobalt sur notre carreau, brun-noir sur les pages de Shah Quli (dont un exemple est conservé à la BNF, inv. Ms. Or. Arabe 6074, f. 18 vo). Pour autant, cette note de style hatayi, associée à l’usage d’un bleu de cobalt, rattache notre carreau au monde iranien davantage qu’au monde ottoman. Les céramiques ottomanes se caractérisent en effet par des bleus plus pâles ou intégrés à des compositions polychromes (cobalt et turquoise, a minima). Un grand nombre de pièces de forme d’époque safavide témoignent en outre de cet usage d’un bleu de cobalt très concentré, profond et lumineux, travaillé au lavis, associé ou non à un tracé noir. Une assiette de ce type est conservée au Victoria and Albert Museum (inv. 2724-1876, publiée dans Melikian Chirvani, Assadullah, Le Chant du monde. L’art de l’Iran safavide, 2007, p. 413) ; et une grande jarre a été vendue chez Christie’s à Londres , Art of the Islamic and Indian Worlds, 26 avril 2012, lot 180. Si les comparaisons avec la vaisselle en bleu et blanc sont nombreuses, peu d’éléments de décor architectural de ce type nous sont en revanche parvenus. Ils ont soit été détruits et remplacés lors de campagnes de restauration, soit destinés à des espaces privés, soit ils figurent encore majoritairement dans des collections privées. Parmi ces rares éléments architecturaux, un carreau de revêtement a été vendu chez Christie’s (Indian and Islamic Works of Art, Londres, 30 avril 2004, lot 126). Un exceptionnel manteau de cheminée, exposé au Victoria and Albert Museum, datable du XVIIe siècle et rattaché aux fours de Kirman, présente beaucoup de points communs avec notre objet : une glaçure très blanche et très brillante, des motifs sinisants mis en couleur par touches plus ou moins diluées, dans ce bleu de cobalt aux nuances d’outremer (Inv. 266-1884 ).
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